« L’impression que le système nous laisse tomber »
Elle a été patiente pendant huit mois. «Je suis en temps partiel thérapeutique, donc je n’ai pas rien pour vivre. Mais la Sécu me devait quand même 9 000 € », explique Sandrine Gadet. Alors, elle a décidé d’assigner la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) en référé. Une procédure au tribunal judiciaire qui a eu un effet « miraculeux ».
«À partir du moment où ils ont reçu l’assignation, mon dossier a été régularisé »
Mais le tribunal a tout de même condamné la CPAM à lui verser 1 000 € en plus au titre des frais engagés et de son retard évident dans le traitement des indemnités journalières.
« C’est obsédant comme problème »
C’était le 14 août 2025 et c’était la première fois que la CPAM était condamnée dans le cadre dudéploiement de son logiciel Arpège. D’autres personnes non payées par la Sécu ont aussi saisi la justice. Mais pas tant que ça comparé aux milliers d’assurés sociaux de Loire-Atlantique et de Vendée non payés. « Parce que ça coûte cher un référé, il faut avancer 900 €. Quand on a aucune rentrée d’argent, c'est impossible. Et puis la démarche en justice fait peur : il faut prendre un avocat, exposer sa situation ».
Les huit mois d’attente ont été entêtants. «
Ce sont des indemnités de droit qu’on nous doit. Ne pas les percevoir donne l’impression que le système nous laisse tomber. C’est obsédant comme problème, ça nous occupe tous les jours, on va voir notre compte Ameli tout le temps pour voir si l’argent est tombé »
Demander des comptes à la Cnam
L’échec local du logiciel Arpège a conduit à la suspension de son installation dans les autres départements. «Ça c’est la bonne nouvelle et aussi l’aveu d’échec. L’idée serait de revenir au logiciel précédent, mais amélioré. La mauvaise nouvelle, c'est qu’Arpège va être conservé en Loire-Atlantique et en Vendée. On a réussi à mettre en place ici un logiciel véreux, alors je ne comprends pas pourquoi un logiciel en vigueur dans 90 départements ne pourrait pas être remis », estime Sandrine Gadet.
Aujourd’hui, elle espère qu’une enquête parlementaire demandée par les députés Ségolène Amiot
et Matthias Tavel aura lieu. «On s’appuiera sur elle pour demander des comptes à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (Cnam) et à Sopra Steria (NDLR, la société conceptrice du logiciel) ». C’est pour cette raison que l’association Arpège non merci ! a été créée. «
"On ne veut pas que l’expérience se reproduise car on est vraiment des cobayes. La Sécu a joué aux apprentis sorciers en livrant nos dossiers à des robots qui ont fait des calculs aberrants »
MarinaCessa
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